"Etre numéro un n'a jamais été notre objectif"

''Etre numéro un n'a jamais été notre objectif''

IMMOBILIER - Les régies Gerofinance-Dunand viennent de racheter Régie du Rhône. «Ils nous ressemblent et ont toujours été inventifs», justifie le président du groupe, Jérôme Félicité

La semaine dernière en plein cœur de l'été, Gerofinance-Dunand a officialisé le rachat de Régie du Rhône à Genève. Cette acquisition, la plus importante jamais réalisée par le groupe (mais dont le montant n'est pas communiqué) propulse l'entité genevoise au rang de leader romand du secteur des régies immobilières. «Etre numéro un n'a jamais été notre objectif», précise son président, Jérôme Félicité, à la tête d'un groupe qui passe d'environ 450 à 600 collaborateurs et de 500 à 900 millions de francs d'état locatif.

Pourquoi avoir racheté Régie du Rhône? 

Jérôme Félicité: Comme d'autres régies, la nôtre a été approchée par son propriétaire, le groupe Investis. Ce n'est pas une acquisition dans laquelle  nous nous serions lancés activement. Mais à titre personnel, je suis avec attention Régie du Rhône depuis longtemps et j'ai toujours apprécié le travail des dirigeants. Ils ont souvent été inventifs, ils se montrés précurseurs dans le domaine de la numérisation, notamment dans les services aux locataires.

Jérome Félicité

 

Jérôme Félicité, président du groupe Gerofinance-Dunand | Régie de la Couronne

Comment interpréter cette transaction, au regard de l'état actuel du marché, notamment de la suroffre qui menace le marché des logements locatifs ?

Nous sommes un prestataire de services, pas une société de promotion. Nous ne sommes donc pas en première ligne. 

Avec 50000 baux et 900 millions d'état locatif, vous devenez la plus importante régie de Suisse romande. A quel point est-ce important? 

J'ai toujours dit qu'être numéro un n'était pas notre objectif. En revanche, comme dans d'autres secteurs, il y a une concentration en cours, parce que grandir comporte plusieurs avantages. Nous allons pouvoir rationaliser certaines choses. Et nous aurons accès à de nouveaux pans de clients.

Concrètement, à quels changements faut-il s'attendre?

Nous n'avons aucun besoin de fusionner à grande vitesse. Nous nous offrons donc le temps de la réflexion. Mais nous avons mené une analyse en profondeur de quatre mois, avant de confirmer notre intérêt. Il y a donc déjà des pistes qui sont explorées. Régie du Rhône a une philosophie similaire à la nôtre, avec une volonté d'être  proche des clients, une vision fine et locale, avec des collaborateurs qui sont de la région dans laquelle ils travaillent. C'est pour cette raison que nous comptons, 17 filiales en Suisse romande. Mais il y a aussi des différences intéressantes entre nous.

Par exemple? 

Les conditions salariales sont meilleures chez l'une, tandis que les conditions sociales sont meilleures chez l'autre. 

A ce propos, cette acquisition mènera-t-elle à des suppressions de postes? 

Non, au contraire, nous sommes en expansion. Au cours des quatre dernières années, avant ce rachat, l'état locatif a progressé d'environ 130 millions pour atteindre 500 mil­lions de francs. Et nous sommes en train de finaliser le quartier de l'Etang, à Vernier, l'un des plus grands projets immobiliers du pays. Il va représenter environ 60 millions de francs de nouvel état locatif, soit du travail pour 25 à 30 personnes. Ces collaborateurs, pour l'instant, nous ne les avons pas.

Propos receuillis par Servan Peca
Article paru dans Le Temps le 12.08.2019

https://www.letemps.ch/economie/jerome-felicite-numero-un-na-jamais-objectif